Histoire du jumelage


Nous remercions Christiane Wagner pour la rédaction qui suit :

 

Les jumelages à Colmar

 

Le concept du jumelage est né au lendemain de la 2ème Guerre Mondiale. Une cinquantaine de maires originaires de 8 pays d'Europe, souvent issus de la Résistance, se sont réunis en créant le conseil des communes d'Europe. Ils espéraient ainsi rapprocher les populations séparées par les rivalités, introduire la notion d'une Europe des citoyens et créaient pour la circonstance le nom de jumelage. A cette époque, Joseph Rey était Maire de Colmar et favorable au rapprochement des peuples.

 

Le 16mars 1962, le conseil municipal de Colmar, sous la présidence de Joseph Rey, décida de créer un jumelage européen entre les villes de Sint-Niklaas en Belgique, Lucca en Italie, Hyde en Angleterre et Schongau en Allemagne.

 

On ne tenait pas compte de l'appartenance politique de municipalités.

 

Les premiers jumelages : un jumelage « en étoile »

Sint Niklaas (B), Lucca (I), Hyde (GB) et Schongau (D)

 

Sint Niklaas, en Belgique flamande est située à 30km d'Anvers. Le ville compte 70 000 habitants, 125 000 avec les communes environnantes.

 

Le nom de Sint-Niklaas vient de Saint Nicolas, patron du commerce. Sa position centrale entre Gand et Anvers, sur l'axe Est-Ouest, entre les Pays-Bas et Bruxelles, sur l'axe Nord-Sud, ainsi que sa « Grande Place » (3ha), encore aujourd'hui la plus grande du pays, ont contribué à l'importance du lieu.

 

En 1941, Sint-Niklaas devint le centre administratif du « Land va Waas » (Pays de Waas).

 

Au 19ème siècle, la ville a connu une grande expansion grâce à l'industrie textile.

 

De beaux bâtiments de style baroque, renaissance, néogothiques et art déco font partie du patrimoine architectural, notamment l'important Hôtel de Ville avec beffroi du 18ème siècle, le Musée Mercator, d'envergure internationale, possède quelques œuvres uniques du géographe du 16ème siècle, mais aussi une division de la cartographie moderne.

 

Sint-Niklaas est également le centre international des Ex-Libris,avec une collection de 160000 ex-libris.

 

Lucca en Italie (Toscane), Lucques en français, 85000 habitants est la ville la plus au sud des villes jumelées. Située non loin de Florence tout près de Pise, est entourée de remparts reconstruits aux 16ème et 17ème siècles.

 

Lucca était une ville libre, puis capitale de la principauté souveraine et duché, avant la réalisation de l'unité italienne.

 

On y compte de nombreux palais, d'églises romanes et gothiques riches en œuvres d'art. Lucca est tellement riche de merveilles qu'il est difficile de faire un choix : citons la cathédrale de Saint-Martin, édifiée pour la première fois au 6ème siècle, l'amphithéâtre roman, la place Saint-Michel et l'église du même nom, construite entièrement en calcaire blanc.

 

La campagne lucquoise et entourée de plus de 300 belles villas construites entre le 15ème et le 19ème siècle par les marchands de Lucca.

 

Hyde, en Grande Bretagne, avait signé à l'époque la partenariat avec Colmar et Sint-Niklaas. La ville a été englobée en 1970 dans la grande agglomération londonienne, suite à un regroupement des communes.

 

Hyde a été remplacée en 1978 par le district de Vale of White Horse (district de la Vallée du Cheval Blanc) près d'Oxford. Le district compte environ 116 700 habitants et la ville principale est Abingdon, 30 500 habitants.

 

La ville d'Abingdon, située sur le bord de la Tamise, se trouve sur un site d'un village de l'âge de bronze et est considérée comme la plus ancienne ville d'Angleterre. Elle se développe autour de l'Abbaye du 12ème siècle et devint une bourgade importante.

 

Le Vale of White Horse recèle de nombreux manoirs, construits dans les sites exceptionnels qui fournissaient ainsi des parcs à l'anglaise « tout faits ». Dans la vallée, on trouve d'anciennes formes symboliques mystérieuses, telles que l'immense cheval blanc d'Uffington, taillé dans la haie, ses origines sont enveloppées de mystère.

 

Schongau, en Allemagne, (Bavière), est située à la porte de la route romantique (le Pfaffenwinkel), tout près des châteaux de Louis II de Bavière. La ville est entourée de remparts, avec chemin de ronde.

 

En 1961, la Ville de Schongau est une des premières villes en Europe à être décorée de la bannière étoilée en bleu et or du Conseil d'Europe pour son ouverture vers l' Europe.

 

Avec ses 13 000 habitants, Schongau est la plus petite ville des villes jumelées ; alors, pourquoi un tel jumelage parmi toutes ces grandes villes ?

 

Dans les années 1950, l'Académie d'Alsace et la Société Schongauer, qui administre le Musée Unterlinden de Colmar, ont été contactés par Otto Ranz, alors maire de Schongau, qui s'interrogeait sur les origines de Martin Schongauer, célèbre peintre Colmarien, sachant qu'il était le fils d'un orfèvre d'Augsbourg en Bavière, installé à Colmar.

 

La Ville de Colmar, l'Académie d'Alsace et Schongau, ont conservé des contacts réguliers pendant de nombreuses années. Le Maire de Colmar, Joseph Rey, très sensible à la réconciliation franco-allemande, présenta Schongau à ses partenaires. Lucca, Sint-Niklaas et Hyde, accueilleront donc la petite ville allemande de Schongau et, le 16 uin 1962, les représentants de ces villes signèrent le serment du jumelage libellé ainsi :

 

« Nous, Maires de Colmar et de Sint-Niklaas, Lucca, Schongau, Hyde,

Librement désignés par les suffrages de nos concitoyens,

Certain de répondre aux aspirations profondes et aux besoins réels de nos partenaires,

Sachant que la civilisation occidentale a trouvé son berceau dans nos anciennes « communes «  et que l'esprit de liberté s'est d'abord dans les franchises qu'elles savent acquérir,

Considérant que l'oeuvre de l'histoire doit se poursuivre dans un monde élargi, que ce monde sera vraiment humain dans la mesure où les hommes vivront libres dans des cités libres,

En ce jour, nous prenons l'engagement solennel

De maintenir des liens permanents entre les municipalités de nos communes, de favoriser en leurs domaines les échanges entre leurs habitants pour développer par une meilleure compréhension mutuelle le sentiment vivant de la fraternité européenne,

De conjuguer nos efforts afin d'aider dans la pleine mesure de nos moyens au succès de cette nécessaire entreprise de paix et de prospérité : l'unité européenne

 

Colmar, le 16 juin 1962.

 

Pour mémoire, en 1962, on était en pleine préparation de la signature du traité de l'Elysée par le chancelier allemand Konrad Adenauer et le Président Charles de Gaulle. Ce traité fixe les objectifs d'une coopération accrue entre l'Allemagne et la France (conséquence directe de ce traité : la fondation franco-allemande pour la jeunesse ou la Deutsche-Französicher Jugendwerk, en allemand).

 

 

 

Impact sur la population

 

 

 

La population colmarienne a bien adhéré à cette notion d'ouverture vers l'Europe ,fortement encouragé par la Municipalité.

 

Une nouvelle Association de la Jeunesse Européenne de Colmar (ajec) organise des échanges de jeunes dans les villes jumelées avec Colmar. C'est alors une merveilleuse période qui dure plus de trente ans, qui amène chaque année une trentaine de jeunes de nos villes jumelées à Colmar et les Colmariens partent dans les villes sœurs au courant des vacances d'été. Pour certains jeunes, c'est souvent le premier voyage à l'étranger. Au début, les jeunes logent à la Maison des Jeunes de Colmar et très vite l'hébergement familial est préconisé et implique aussi intimement les familles. Rapidement les groupes folkloriques suivent et animent des fêtes locales, des tournois sportifs s'organisent, des échanges scolaires se mettent en place.

 

 

 

Au niveau des services municipaux, on profite des expériences des uns et des autres, on partage de savoirs-faire, on se renseigne ; par exemple, Sint-Niklaas veut créer un parking souterrain, on vient voir celui de Colmar, en contrepartie, Colmar se déplace pour la création des pistes cyclables ou l'implantation d'un kiosque à musique... on échange des jardiniers municipaux avec Abingdon et Colmar, ...le jumelage a vraiment le vent en poupe !

 

 

 

Les maires se réunissent tous les ans dans une autre ville pour valider les actions de jumelage de l'année à venir.

 

 

 

Pendant des années consécutives, chacune de ces villes a financé un projet humanitaire en Afrique, soit ouvrir une école, construire des puits pour Colmar, c'était au Burkina Fasso (mis pour chaque ville : 40 000 francs de l'époque – environ 6 100 euros)

 

 

 

Eisenstadt et Colmar : mariage de deux capitales de vins

 

 

 

Eisenstadt est située à la frontière hongroise, dans le Burgenland, à une heure de route de Vienne. Région viticole, Eisenstadt en est la capitale et Colmar, capitale de vins d'Alsace s'unirent par les liens du mariage en 1984, après de longues fiançailles entre les responsables d la viticulture des deux villes.

 

 

 

 

 

Ville de 60 000 habitants, Eisenstadt est la plus petite capitale provinciale d'Autriche. C'est la ville de Haydn, le compositeur y a vécu aux côtés des princes Esterhazy, dans le magnifique château transformé aujourd'hui en musée et salle de concert.

 

 

 

 

 

Ce jumelage amènera des groupes folkloriques et orchestres à animer les fêtes des « Mille Vins » à Eisenstadt ou La Foire aux Vins de Colmar. L'échange des jeunes s'est ouvert aux jeunes autrichiens, les échanges scolaires se mettent en place entre lycées ainsi que des stages en entreprise.

 

 

 

Princeton, l'ouverture vers le nouveau monde

 

 

 

En 1986, la ville de New York entreprit la restauration de la Statue de la Liberté, créée par Auguste Bartholdi, enfant de Colmar. Le maire de Princeton (New Jersey) à l'époque Barbara Sigmund, souhaitant s'ouvrir vers l'Europe saisit l'opportunité de la fin de la restauration de la Statue de la Liberté pour faire connaître Colmar aux Etats-Unis et bien-sûr à ses administrés.

 

 

 

Colmar est ravie de s'unir à cette ville prestigieuse, célèbre pour son université et voit ce futur jumelage davantage dans un contexte économique.

 

 

 

A Colmar, l'entreprise Timken France est associé à ce jumelage, Les valises de la délégation colmarienne, invitée le 3 juillet 1987, date de l'inauguration de la fin de la restauration de Miss Liberty, des documents touristiques de Colmar... Très vite, suivent les échanges scolaires avec la High School de Princeton et les lycées colmariens, des chorales se déplacent pour une tournée américaine ou française, les clubs sportifs se rencontrent, les restaurateurs alsaciens présentent leur savoir-faire.

 

 

 

Les échanges sont facilités par un agent sur place, rémunéré pour les relations économiques entre l'Alsace et les Etats-Unis.

 

 

 

La charte de jumelage retour avec Princeton a été signée en 1987.

 

 

 

Györ : amitié avec les pays de l'Est

 

 

 

Le jumelage avec Györ, en Hongrie, en 1993, se situe dans un contexte très différent de tous les autres jumelages. En effet, l'immense espoir suscité en Europe après la chute du mur de Berlin incite les uns et les autres à se connaître et à se rapprocher.

 

 

 

Située à environ 80 km de Budapest, Györ est la 2ème ville de Hongrie pour sa richesse en monuments historiques. C'est une belle ville Baroque et classique, fondée sur les vestiges du Moyen-Age.

 

Au début des années 1990, le maire de Györ, Ernö Kolozsvary, désire s'ouvrir vers une ville de l'Ouest. Par l'intermédiaire de son voisin autrichien, Aloys Schwarz, maire d'Eisenstadt, situé à 100 km de Györ, Colmar accueille favorablement cette demande.

 

 

 

Colmar offre spontanément sa coopération en matière d'organisation administrative (Archives, information, logement social, état-civil, petite enfance). Très vite des échanges de fonctionnaires sont organisés, des livres sont acheminés, dans les bibliothèques municipales, les lycées et l'Alliance Française de Györ. Les échanges scolaires suivent.

 

 

 

Pas besoin d'interprètes, la communauté hongroise de Colmar offre spontanément et bénévolement ses services pendant le séjour des Hongrois à Colmar.

 

 

 

Györ, comme les autres villes jumelées, participe pendant de longues années au salon du Livre de Colmar et invite Colmar tous les ans à son Salon du Livre, avec ses villes jumelées.

 

 

 

Des expositions de peintres hongrois sont organisées à Colmar, notamment celle de Cziraki Lajos en mars 1994 au Koïfhus. Cziraki Lajos avait côtoyé Otto Dix n 1945, au hasard d'un internement au camp de prisonniers de guerre du Logelbach.

 

 

 

Des troupes de théâtre colmariennes animent la fête de rue de Göyr, les jeunes du quartier Europe participent aux jeux Intervilles de Györ et les jeunes hongrois rejoignent en été les autres jeunes des villes jumelées, invités par l'Association de la Jeunesse Européenne de Colmar.